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ENTRETIEN. Ouverture des plages : Gaétan Séné alerte : « On risque de le payer cher »

Un Article Ouest-France recueilli par Olivier CLÉRO.Modifié le 05/05/2020 à 14h01



De retour de Mulhouse où le Morbihannais est allé prêter main-forte comme infirmier, le triple champion de France de paddle, Gaétan Séné met en garde contre une ouverture trop rapide des plages.

Le Morbihannais Gaétan Séné, triple champion de France de paddle, rentre tout juste de Mulhouse (Haut-Rhin) où il a travaillé comme soignant pendant les premières semaines de l’épidémie de coronavirus. Il explique à Ouest-France pourquoi il est opposé à une ouverture trop rapide des plages.


L’appel à la réouverture des plages dès le 11 mai vous a choqué, pourquoi ?

Je suis évidemment pour la réouverture des plages et des activités nautiques, mais pas dès le 11 mai. Ce mouvement d’appel (relayé par des élus et Anne Quéméré) n’a, pour moi, pas beaucoup de sens. Dans quelques jours, il va y avoir 11 millions de personnes qui vont retourner au travail, retrouver leurs familles, leurs amis. Tous ces gens vont potentiellement se contaminer. La vie va reprendre. Les accidents aussi… Les hôpitaux étaient déjà en tension avant le coronavirus, ils le seront toujours après. Le Covid-19 n’a rien réglé au contraire. Ils vont devoir se remettre en route pour réorganiser les interventions qu’ils n’avaient pas pu faire. Ça risque de bouchonner. Les loisirs sont les derniers besoins essentiels à la vie, alors forcer l’ouverture des plages pour du loisir alors qu’il y a du personnel toujours en tension dans les hôpitaux, c’est surprenant.


Il y a aussi une question de liberté dans la réouverture des plages.

Il n’y a pas de liberté si elles ne sont accessibles qu’aux personnes habitant dans un rayon de 100 km. Quelle image on va donner de la Bretagne à ceux qui se retrouvent à l’autre bout de la France en zone rouge ? Vous galérez pendant que nous, tout va bien, nous sommes à la plage… Ça me dépasse. Ça veut dire qu’il n’y a plus de solidarité ? Que c’est chacun pour soi ?


Vous savez de quoi vous parlez. Vous êtes parti porter main forte à Mulhouse.

Oui, avant de devenir professionnel dans le paddle en 2009, j’étais infirmier. Avec le cluster, dès le 5 mars, toutes mes activités ont été à l’arrêt. Voyant les alertes sur le manque de personnel dans les hôpitaux, je me suis inscrit sur la plateforme Renforts-covid et envoyé des mails directement aux hôpitaux qui recherchaient du monde dont Mulhouse qui m’a contacté. J’y ai exercé du 29 mars au 2 mai.


Vous n’avez pas hâte de retrouver la mer ?

Si et je suis le premier à vouloir que ça revienne vite. Mais à vouloir revenir trop vite, on risque de le payer cher et de devoir faire marche arrière avec de nouvelles interdictions en juillet. On aurait tout perdu.


Qu’est-ce que vous préconisez ?

De la progressivité. La semaine prochaine, c’est le déconfinement. On aura très vite des chiffres pour voir s’il y a plus de contaminations ou si elles restent stables. Si elles restent stables, ça veut dire qu’on peut rouvrir les plages peut être la semaine suivante. Si tout se passe bien, la troisième semaine, on peut très bien rouvrir aux sports nautiques ou inversement, les sports nautiques, puis les plages. On peut aussi imaginer ouvrir les parkings des plages un jour sur deux en utilisant les plaques d’immatriculation : les jours pairs pour les numéros pairs, les jours impairs pour les numéros impairs.


Il y a aussi le principe de plage dynamique.

Oui, c’est ce que défendent les clubs et structures sportives qui peuvent réguler et rappeler à l’ordre leurs adhérents. Mais pour les pratiquants individuels. Qui va les réguler ? C’est impossible. Le mardi matin du lancement du confinement, la plage de Sainte-Barbe était blindée comme en été… Imaginez la réouverture. J’ai du mal à croire que ça se passera bien, si on n’a pas réussi à établir des règles en amont. Et le faire avant le 11 mai, ça me paraît impossible.

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