Nicolas Hulot « Un monde d'après radicalement différent de celui d'aujourd'hui »
- SELid'HER
- 6 mai 2020
- 2 min de lecture
Une longue interview de Nicolas Hulot est publiée dans Le Monde du 7 mai 2020.
En voici quelques extraits dans lesquels il souhaite notamment une France de solidarités.

«... La société, qui a accepté sans sourciller d’être privée de libertés fondamentales, rêve de pouvoir retrouver confiance en l’avenir, il faut donc faire les choses en grand. Le monde d’après sera radicalement différent de celui d’aujourd’hui, et il le sera de gré ou de force.
Certaines choses demeureront compatibles, d’autres ne le seront plus.
Quelles seront les choses, concrètement, que les citoyens ne pourront plus faire selon vous ?
On ne pourra plus prendre l’avion comme avant, plus non plus avoir un produit qui arrive par Amazon du bout du monde en vingt-quatre heures, par exemple. Pourra-t-on, pour ceux qui peuvent se le permettre, acheter des bolides ou des SUV, j’espère que non. Trouvera-t-on des produits alimentaires hors saison dans les magasins ? Non. Rapidement, il faudra que l’offre et la consommation changent.
Finalement, à quoi ressemblera ce « jour d’après » ?
Il faut d’abord le construire. Le premier rendez-vous à prendre, dès que les conditions seront réunies, c’est celui où l’on définit collectivement le nouveau modèle économique et démocratique. Il ne faudra rien s’interdire en termes de propositions. Réformer la fiscalité et avoir une TVA incitative, en Europe, sur les biens et les services écologiquement et socialement vertueux, et qui soit dissuasive sur des biens toxiques, permettant de structurer les modes de production et de consommation. Remettre sur la table l’idée des monnaies locales complémentaires qui permettraient à des collectivités de pouvoir aider les plus démunis à accéder à des biens et des services de première nécessité. Revaloriser très rapidement ces métiers essentiels que l’on a redécouverts pendant la pandémie de Covid-19.
Et, dans ce monde où se confrontent toutes les inégalités, il faudra lutter contre le déterminisme social. Cela peut paraître grandiloquent, mais ce monde insupportable, qui crée de l’humiliation, n’a pas d’issue pacifique. Il doit être radical en humanité et en solidarité. Il faut donc distribuer de l’argent, se fixer des limites dans les revenus, dans la cupidité. Le temps de l’Etat régulateur est revenu, mais sur des bases démocratiques, avec des citoyens qui doivent participer à l’énoncé de ces règles communes. Dans un deuxième temps, il faudra dresser les perspectives d’une troisième Chambre dans laquelle on fera entrer les citoyens, les corps intermédiaires qui contribueront à dessiner, à planifier le futur... »
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